Le murus gallicus

 

    Conséquence directe de la popularité de son ouvrage, Commentaires de la Guerre des Gaules, Jules César impose la notion que nous avons encore aujourd'hui sur l'oppidum. En s'appuyant très largement sur les descriptions qu'il fait des populations Helvètes et de plusieurs autres tribus, la compréhension du terme Oppidum s'assimile très vite à une forteresse, centre politique d'une population, véritable place-forte culturelle et militaire de la tribu dont il est le pivot de la vie sociale.Est-ce que tous ces détails seraient erronés ? Absolument pas ! L'oppidum est cependant à distinguer du Castellum, et le castellum de la civitates. Alors comment distinguer les notions qui définissent et différencient ces rassemblements urbains. Le Castellum, contrairement à l'évolution du terme, serait plus favorablement ce que nous considérons aujourd'hui comme un village, ne dépassant pas une certaine quantité démographique. La civitates, d'influence respectivement grecque puis romaine, est une conséquence directe de l'évolution de ces cultures sur le bassin méditerranéen, et de leur exportation via les marchands, négociants et explorateurs de ces mêmes cultures. Alors qu'est-ce qui distingue l'oppidum des autres complexes urbains ? Dans un premier temps, l'aire territoriale sur laquelle il s'étend, définit selon les régions d'Europe Occidentale ou Centrale de 15 ha à plus d'une centaine. Ensuite il est généralement entouré, et non pas "défendu" par une enceinte qui peut aller jusqu'à plusieurs kilomètres, de 600m à 7km pour les sites référencés. Le tracé tient compte du relief, mais peut être continu s'il se situe en plaine. Compte tenu de la précision précédente, il n'est plus question de considérer un oppidum, uniquement dans la considération que les infrastructures se situent sur des élévations.Détails importants, l'enceinte, et les fortifications - qui ne sont pas seulement des éléments défensifs, bien qu'ils puissent servir à une amélioration des techniques militaires, et impose des capacités de siège de la part de l'assaillant en cas d'offensive - doit être réalisé à partir de techniques de parement, de poutrages internes et la disposition d'une rampe arrière. Les portes sont formées d'ailes rentrantes encore appelées "portes en tenaille". Enfin la datation doit être de La Tène finale (IIe - Ier siècle av. J.-C.) ou de la fin de l'ère Hallstattienne, selon les zones concernées et les fouilles opérées.  Alors si la fonction première n'est pas défensive, quelle est-elle ?  Deux réponses intimement liées en ce qui concerne la culture celte : un intérêt cultuel et sociale. Lieu centrale d'une administration, l'oppidum doit non pas constituer une forteresse, mais représenter une forteresse. La nuance est grande, l'intérêt n'est donc plus seulement et prioritairement d'être un lieu de refuge, mais bien d'incarner le centre du pouvoir local. Cette interprétation s'applique notamment sur des sites tel que le Fossé des Pandours au col de Saverne dans le Bas-Rhin, en effet ce dernier présente sur son mur d'enceinte des précautions esthétiques des parements de pierre (dans la taille de ces derniers) qui s'opèrent au dépend de la qualité défensive des fortifications. Qu'en déduit-on ? La priorité de l'édifice n'est pas de constituer un lieu imprenable, mais bien d'exposer, tant à la population à laquelle appartient l'oppidum, qu'aux étrangers de passages, l'étendue de la puissance du pouvoir locale. D'un point de vue cultuel ces oppida peuvent revétir la particularité de pérenniser un lieu de culte, de protéger un emplacement sacré inamovible.   Sébastien Thiriet

http://www.fleuruseditions.com/Voir/celtes-et-gaulois-l11355

Le plan du camp d' Artus de l' ONF de Wheeler

Sir Wheeler,  Hill Forts of Northern France, Londres, 1957.


Le temps des oppidums

À la fin de l'âge du fer, de la Hongrie au sud de l'Angleterre, les Celtes érigent de très vastes fortifications dont certaines opposeront une vive résistance aux armées romaines, telles Gergovie ou Alésia. S'agit-il d'ouvrages purement militaires ? On a longtemps voulu le croire, mais les fouilles montrent que les oppidums sont bien plus que cela.

Des remparts pour être vus

Comme le montrent bien les châteaux forts, quand on privilégie la défense, on réduit la surface et la longueur des fortifications à protéger. Avec des superficies couvrant des dizaines d'hectares et des kilomètres de remparts, les oppidums sont exactement l'inverse. Les architectes n’hésitent pas à leur faire dévaler les pentes plutôt que de suivre un tracé horizontal qui oppose à l'assaillant l'obstacle du dénivelé ; les parements extérieurs - avec leur base en grandes pierres plates posées verticalement – sont plus décoratifs qu'efficaces face aux engins d'assaut des Romains. Les portes elles-mêmes où arrivent de larges voies pour la circulation, avec leurs doubles vantaux, leur étage et leur décor de crânes cloués, ressemblent plus à des arcs de triomphe qu'à d'étroits ponts-levis. Enfin, ces fortifications, aux blancs remparts   démesurément développés, couronnent des hauteurs ou occupent le fond de vastes vallées, à l'époque déboisées : elles sont donc visibles de loin. Comme l' Acropole pour les Athéniens, l' oppidum  offre  ainsi  fièrement aux citoyens et aux étrangers le spectacle de la puissance de la tribu, inscrite monumentalement dans le paysage. Les remparts qui entourent les oppidums  faits de pierres, de terre et de poutre: reliées par de grands clous. César appelle cette technique le murus gallicus. Les remparts qui entourent les oppidums  faits de pierres, de terre et de poutre: reliées par de grands clous. César appelle cette technique le murus gallicus . http://www.fleuruseditions.com/Voir/celtes-et-gaulois-l11355

 

L'enceinte intérieure  de l'oppidum coté  glan-vez (clair ruisseau)

 


Vue sur l' entrée principale de l'oppidum  nord-est


vue sur l'enceinte  nord-est

Les fouilles de Wheeler ont aussi permis de mettre en évidence un important bâtiment circulaire à l'intérieur de cette partie de l'oppidum. Elles n'ont cependant pas permis de dire si l'éminence circulaire, à l'extrémité du site, était une motte castrale du Moyen Age ou la base d'une tour gauloise.  Erwan Chartier

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La vue aérienne du camp d' Artus